L’importance d’harmoniser le PCI, le BIM et la mise en service améliorée
L’atteinte des résultats dans la course à la performance et à l’efficience demande plus que l’application de méthodes et de processus prometteurs. La solution stratégique repose sur une combinaison de leur complémentarité. Que l’on parle d’analyse de la valeur, de la méthode agile, du Lean construction, du Building information modeling (BIM) ou du processus de mise en service améliorée (MESA), qu’importe le processus déployé, l’importance est que ces derniers s’harmonisent dans un ensemble cohérent.
Pour faciliter l’intégration d’une solution stratégique harmonisée, elle doit s’appuyer sur un mode de réalisation et un processus mère flexible. En ce sens, le processus de conception intégrée (PCI) et le mode de réalisation de projet intégré (RPI) sont tous deux une réponse à ce besoin.
PCI-BIM-MESA : conjugaison de durabilité et performance
Il est possible de combiner les processus PCI, BIM et MESA pour avoir un système qualité durant le projet. Ces processus sont d’autant plus importants lorsqu’on cherche à atteindre des objectifs de durabilité comme l’exigent certaines certifications sur le marché (LEEDV4, NET ZÉRO, WELL, etc.). Alors que, la MESA permet d’inclure l’opérabilité du bâtiment tout au long du cycle de vie, le PCI est le processus de réalisation mère et le BIM est une courroie de transmission des informations qui assure le transfert entre la phase de conception, de construction et d’opération. Ainsi, la conjugaison des trois processus est un gage du succès des retombées tant convoitées par les clients et les professionnels de l’industrie.
« Le PCI-BIM et la complémentarité avec le processus continue MESA permettent de normaliser ces nouvelles pratiques dans un processus commun d’assurance qualité et de performance. Pour ce faire, on doit comprendre comment le travail s’organisme différemment, comment s’articule ces processus afin de les harmoniser. »
Julien Milot, directeur Innovations et stratégies chez TST Systèmes Énergie inc.
PCI-BIM: collaboration et gestion de l’information
Actuellement, deux lignes de pensées se distinguent dans le milieu de l’architecture, de l’ingénierie et de la construction. Il y a ceux qui croient que les technologies vont pouvoir régler les enjeux automatiquement (grâce à la gestion de l’information que permet le BIM) et ceux qui insistent sur les bienfaits des équipes intégrées et du travail collaboratif qui caractérisent le PCI. La réponse se situe à mi-chemin entre les deux à l’aide d’une approche collaborative.
Dans l’industrie, une sensibilisation est encore à faire pour démontrer la valeur ajoutée de la collaboration dans les projets. D’où l’importance de saisir la relation du PCI-BIM. En PCI, les professionnels sont conscients très tôt de la complexité des projets et des enjeux des différentes disciplines et le BIM aide à les visualiser. Le BIM ne fait pas de conception, c’est une « plateforme » qui aide à la conception intégrée parce qu’elle centralise l’information partagée, permettant ainsi une meilleure intégration des diverses disciplines. De manière simplifiée, le BIM c’est l’interopérabilité entre les logiciels utilisés aux fins de l’industrie.
L’approche collaborative a un effet multiplicatif de l’expertise et des forces de chacun. C’est pourquoi, la valeur ajoutée en PCI, BIM et MESA passe par la synergie de l’équipe multidisciplinaire qui est assurée par le facilitateur (Pour en savoir plus, vous pouvez lire sur notre site : « La facilitation pour délier la complexité dans les projets »).
« Les professionnels de manière générale comprennent qu’ils sont en train de faire de la conception intégrée lorsqu’ils se rendent compte qu’ils font plus que de la coordination. Par exemple, dans certains projets PCI-BIM que j’ai réalisé, ceux-ci sont très efficaces en raison des rencontres collaboratives où l’on peut résoudre des problèmes. La communication se fait de manière collégiale avec peu d’échange courriel. »
Olivier Pellerin, direction du déploiement des pratiques intégrées BIM-PCI, Société québécoise des infrastructures
Le déploiement évolutif du PCI-BIM
Le déploiement du PCI-BIM devrait se faire de manière évolutive. Autrement dit, le déploiement devrait être progressif dû, entre autres, à la capacité limitée des organisations à s’adapter aux changements. Le BIM doit être alimenté continuellement pour générer de l’information pertinente, ce qui demande beaucoup de temps. C’est pourquoi il faut y aller graduellement et se concentrer sur les éléments à valeur ajoutée et l’expertise nécessaire. Il est à noter que le BIM peut permettre une gestion efficiente d’un parc immobilier par le partage d’information pertinente en gestion de maintien d’actif (intelligence d’affaires). Outre l’intelligence d’affaires, le BIM appuyé avec l’approche Lean[1] ouvre aussi la voie à l’optimisation continue de la réalisation de projet.
Le synchronisme entre le PCI et le BIM est nécessaire dans la réalisation de projets puisque les efforts entre ce que préconise le PCI et ce que provoque le BIM sont superposées. À cet effet, vaut mieux s’approprier le PCI et harmoniser le BIM pour parvenir aux résultats attendus. Un PCI bien déployé et géré peut favoriser l’efficience en BIM.
« Le BIM est la réponse technologique à la résolution de solutions intégrées, mais pour atteindre des résultats, il faut absolument de la collaboration. Sans collaboration, il est évident que le projet ne sera pas efficace. C’est un incontournable! »
Guy Paquin, directeur général – Direction générale des stratégies et des projets spéciaux,
Société québécoise des infrastructures
MESA : une assurance qualité
Le processus de MESA, aidé d’un agent de mise en service indépendant des concepteurs, permet d’améliorer la communication entre les intentions de conception et la performance réelle des bâtiments. Ce processus reconnaît l’intégration et l’interdépendance des éléments de l’installation afin que les systèmes fonctionnent adéquatement. La MESA propose une démarche qui jette les bases essentielles de surveillance et maîtrise (composantes, assemblage et systèmes du bâtiment) pour assurer un niveau de qualité constant et un retour sur l’investissement assuré par une opérabilité efficiente. Dans le BIM c’est surtout l’aspect « I » (information) qui est intéressant avec la mise en service puisque cet aspect permettra de faciliter la vérification et le contrôle des éléments de conception tout au long du cycle de vie, ainsi que le suivi des performances lors des opérations de bâtiment. Ainsi, le BIM pourra éventuellement assurer la pérennité de l’information. Dans un processus de mise en service continue, c’est primordial.
« Pour bien saisir l’importance de collaborer, voici une analogie avec le transport en commun. Un architecte, un ingénieur et un agent de mise en service vont du point A au point B, chacun dans leur auto. Ils peuvent communiquer ensemble, mais ils ne prendront pas le même chemin et ça va coûter plus cher d’essence, avec probablement de l’information plus ou moins juste. S’ils voyagent tous dans le même autobus, il serait plus facile pour eux de communiquer et il y aurait de l’économie de temps et d’énergie. »
Julien Milot, directeur Innovations et stratégies chez TST Systèmes Énergie inc.
PCI-BIM-MESA : une stratégie efficace
Le PCI sert à concilier les intérêts des gens autour d’un objectif commun, et ensuite, le BIM est utilisé pour supporter l’intégration des acteurs et la gestion de l’information partagée. Ainsi, l’importance dans le BIM c’est le «I» et le «M» pour le «management» au lieu de «modélisation» de l’information. Au final, il faut voir le PCI comme une transformation des processus de réalisation et de gestion; le BIM comme une transformation numérique de l’industrie et le MESA comme un contrôle qualité entre les intentions et la performance réelle. La conception intégrée est le noyau dur et le BIM est une « plateforme » au service de la conception intégrée. Harmoniser ces processus se traduit par de la qualité et de la performance. Pour y parvenir, il faut s’entourer des bonnes personnes, des bons intervenants.
[1] Le Lean contribue lui aussi à introduire davantage de méthodes et de travail collaboratif dans les processus de construction. Le Lean améliore d’abord la production et l’opérationnel et le BIM aide à identifier les éventuels points bloquants.
Réflexion additionnelle : L’intelligence artificielle pourrait faciliter le processus de collaboration interdisciplinaire
L’information et les données sont très importantes afin de favoriser une prise de décision éclairée et efficiente. Actuellement, une même information peut être saisie jusqu’à 7 fois à travers un projet, parfois de manière erronée et peut être interprétée différemment par les divers intervenants. À long terme, l’intelligence artificielle, limitera la confusion et aidera à la prise de décision en réduisant les erreurs et les biais en s’assurant que le logiciel ait la bonne information à traiter.
Les logiciels permettent ainsi une meilleure informatisation des données. L’intelligence artificielle permettra un apprentissage au logiciel menant à des propositions de solutions auquel l’homme n’aura pas pensé. Autrement dit, elle va permettre de réduire la saisie de données d’information, et même, en proposer.
Dans un contexte de BIM, l’intelligence artificielle deviendra nécessaire pour atteindre la performance et l’efficience des solutions conceptuelles. Toutefois, comme il est mentionné précédemment, le BIM exige un processus collaboratif. L’efficience absolue va nécessairement se traduire par la combinaison des deux intelligences, c’est-à-dire humaine et artificielle.
Cet article fait partie d’une série de 9 textes rédigés dans le cadre d’un partenariat avec le Centre de Formation en Développement Durable (CFDD) de l’Université Laval. La série se penche principalement sur le PCI et le bâtiment durable.